Les quatre compositions identitaires de l’individu.

Si on s’intéresse à la personnalité de chaque individu, on s’aperçoit que sa construction identitaire est basée sur la sommes des quatre groupes de connaissances et aptitudes acquises au cours du temps : l’expérience personnelle, l’éducation, la culture et la biologie (aptitudes uniquement dans ce cas). Trois de ces groupes vont être influencés par l’environnement extérieur de l’individu, tandis que la partie biologique ne correspond qu’aux spécificités biologiques de l’individu. A partir de cet introduction, il est important de définir chacun de ses groupes.

1) L’éducation

Il n’est ici nul question de l’éducation scolaire que nous avons eu au cours de notre enfance, mais directement de l’éducation que nous ont inculquée les individus proches qui nous ont élevé depuis bébé. En général, il s’agit des parents, mais cette éducation a pu être fait par d’autres membres de la famille voir des amis. Ainsi par éducation, j’entends toutes connaissances que les individus les plus proches ont voulu que l’on acquière pendant notre enfance, à savoir l’histoire et la culture familiale, la morale, etc.… Il s’agit ici de connaissances dont nos proches trouvent importantes que nous acquérons et retransmettrons. Par conséquent, nous subissons une première construction identitaire par les personnes qui nous ont donné la vie et nous ont éduqué. Ensuite, nous pouvons décider de retransmettre cet apprentissage ou alors le renier.

2) La culture

Bien que j’ai déjà parlé de culture dans le cas de culture familiale, je la distingue néanmoins de la culture sociétale, à savoir une culture qui nous est transmise par la société afin de faire partie de cette communauté. Ainsi, l’éducation scolaire nationale fait parti, à mes yeux, clairement d’un apprentissage culturel et non d’une éducation. Il s’agit des connaissances et des savoirs dont l’état estime importants d’acquérir et de transmettre. Mais pas que, on peut également ajouter toutes autres éléments culturels telle que des effets de mode, des passions communes pour le cinéma, la musique, la littérature… Tout un ensemble de connaissances nous permettant d’être en communion ou en opposition avec nos contemporains.

3) L’expérience personnelle

Bien entendu, il y a des connaissances que l’on acquiert uniquement par notre expérience personnelle. Chaque expérience vécue va façonner notre personnalité et notre comportement en fonction des leçons (connaissances) que nous en avons tiré. Ainsi ce savoir est par nature personnel et ne peut appartenir aux deux autres catégories.

Avant d’aborder le 4ème point qui me semble le plus délicat, on peut dire que ces 3 groupes ne sont pas forcément strictes, Une connaissance culturelle peut aussi être une expérience personnelle. Ainsi, le fait de voir un film au cinéma ou uniquement chez soi à la télé, peut amener deux expériences personnelles différentes (par exemple, l’immersion peut être plus importante au cinéma qu’à la maison ce qui augmentera l’impact émotionnel du film) alors que les connaissances culturelles sont identiques (l’histoire du film, les acteurs, etc., tous les éléments du films que connaîtront également les autres personnes qui auront vu le film). De même, l’éducation que nous donne nos parents peut être issue des connaissances culturelles de leurs enfances (par exemple, le fait de connaître une langue différente de celle du pays où l’on est né car nos parents sont des immigrés). C’est pour cela que ces distinctions doivent être analysés pour un individu uniquement à chaque fois et ne sont jamais en réalité généralisables. Bien, passons maintenant, au 4ème point, la partie biologie.

4) La biologie

Notre sensibilité au monde diffère. Ceci va influencer notre construction identitaire pendant notre vie. Même si cela va avoir une influence sur notre expérience personnelle, je le distingue du troisième groupe car je considère que celui-ci est avant tout plus une méditation sur nos expériences à laquelle on déduit des leçons qui serviront de base à des connaissances personnelles. Ainsi, il y a un biais dans l’apprentissage de ces connaissances. Par exemple, si nous sommes confrontés deux fois à la même expérience, nous ne tireront pas forcément la même leçon, bien que notre vécu sera identique : par exemple, si notre petite amie nous trompe pour la seconde fois, la première fois on lui avait pardonné, alors que pour la seconde fois on peut simplement décidé de la quitter ; ainsi la première fois, on peut avoir accepté l’infidélité en se disant que peut-être nous n’étions pas assez à son écoute et que nous avions d’une certaine manière participé à la pousser à l’infidélité, et ainsi décider d’être plus attentif à ses besoins, alors que la seconde fois, nous pouvons nous dire que c’est elle qui a finalement un problème et que nous avions été stupide de croire que cela venait de nous. Même expérience, leçons différentes. Dans ce cadre, la biologie n’intervient pas à proprement parler dans l’apprentissage que nous tirons de l’expérience personnelle.
Alors qu’est-ce que j’entends par biologie ? Et bien, revenons sur la notion de sens. Notre sensibilité nous amène à une perception du monde qui diffère d’un individu à l’autre. Prenons un exemple extrême : un individu daltonien qui ne peut pas percevoir les tons et nuances colorés rouge du monde. Par conséquent son expérience du monde va différer du notre juste à cause de son particularisme, ce qui ne veut pas dire que nous ne pourrons pas avoir des expériences personnelles communes (comme le fait d’avoir été trompé par sa petite amie).

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Exemple de différent types de visions daltonienne du monde (source: http://hitek.fr/42/vision-des-couleurs-daltoniens_4682)

Voilà ce que j’entends par la biologie. J’ai pris en exemple un cas d’une déficience chez un individu mais certains particularisme biologiques peuvent offrir un caractère exceptionnel chez un individu par rapport à l’ensemble de la population (par exemple, une plus grande force, une meilleure résistance au froid, une mémoire photographie, etc.). En vérité nous possédons tous un spectre de particularités biologiques plus ou moins prononcés qui rendent notre sensibilité au monde unique et personnelle, et ainsi un apprentissage différent se répercutant sur notre identité.

Donc, on peut considérer que chaque individu est la somme des connaissances acquises à partir de ces 4 groupes. Ces connaissances vont lui permettre de construire une identité propre qui expliqueront ses choix passés, présents et futurs. Par conséquent, il est très probable qu’un comportement d’un individu qui nous semble illogique, ne le soit que dans le cadre de nos connaissances accumulées et non dans le cadre de ses connaissances accumulées. Alors, la communication peut s’avérer cruciale pour bien comprendre les motivations de chacun, car là souvent réside la clef de nos compréhensions mutuelles. Ainsi, la prochaine fois que vous pensez qu’un individu a un comportement stupide, dites-vous simplement que peut-être avec son vécu, vous auriez agi de la même manière en suivant un comportement logique.

Pourquoi avoir écrit cet article ? Pour deux défauts que nous avons dans notre monde actuel : notre envie de nous catégoriser pour définir notre identité et l’absence d’humilité de notre part.
Commençons par le premier cas à partir d’un exemple, parlons de sexualité : à la base, il y avait que quelques catégories de sexualités dans lesquels nous pouvions nous définir, par exemple : hétérosexuel, homosexuel, bisexuel. Ces catégories servaient plus à définir notre attirance naturelle pour le sexe opposé et/ou le même sexe, et avait été reprises comme élément culturel par la société dans le cadre de la définition de la famille. Ainsi, seule l’hétérosexualité était reconnue comme « normale » (norme de la société) par rapport à l’homosexualité car seuls les couples hétérosexuelles peuvent avoir des enfants, et donc bâtir naturellement une famille, première organisation sociale d’une société. Ces catégories étaient plus définies par rapport à la société que par rapport à l’individu (on se fout avec qui vous couchez car il s’agit de votre vie privée). Depuis plusieurs années, des individus ne se reconnaissant pas dans ces catégories sociales, on commençait à créer d’autres catégories pour mieux définir leurs identités sexuelles (ou de genre). Par conséquent, il existe actuellement un grand nombre de nouvelles catégories d’identité sexuelle et/ou de genre (plus d’une vingtaine en ce moment) dont une partie de la population cherche à utiliser pour se définir. Le problème est qu’une partie de ces personnes veulent que ces catégories soient reconnues en disant que les premières catégories ne correspondent pas à la réalité car trop restrictives. Elles critiquent le fait qu’elles ne rentrent pas dans les catégories historiques, et que par conséquent, nous devons reconnaître leurs nouvelles catégories. Mais au final, elles ne font que se définir et s’enfermer dans des catégories qu’elles ont créées. Ceci amène à des confrontations inutiles et contre-productives. Je suis un homme hétérosexuel car je ne suis attiré naturellement que par les femmes, je vis avec l’une d’entre elle et j’ai des enfants avec l’une d’entre elles. C’est tout, pas besoin d’aller plus loin. N’importe quelle personne qui me côtoie arrivera à cette conclusion en observant mon mode de vie (si elle en a envie). Suis-je un hétérosexuel strict ou puis-je tombé amoureux d’une personne transgenre d’apparence féminine ? J’en sais rien et je m’en fous, car mon vécu personnel ne m’a jamais confronté à la seconde situation. Donc, je peux dire que j’appartiens à la catégorie d’homme hétérosexuel vis-à-vis de la société (pour ainsi justifier auprès de l’état l’organisation de ma famille que je bâtis) mais cette catégorie n’a à mes yeux que peu d’importance pour définir mon identité. Ainsi, si on m’interdit de m’exprimer sur des sujets car je ne suis qu’un homme hétérosexuel cis-genre, je peux rétorquer que je ne suis pas que cela et qu’en aucun cas je ne me réfère qu’à cette/ces catégorie/s pour me forger mes opinions. Par exemple, je ne suis ni pro-, ni anti-IVG, mais après avoir cotoyé plusieurs femmes et discuté de leurs expériences avant, pendant et après leurs IVG, je peux me permettre de dire que toutes les femmes ne vivent pas forcément bien le fait d’avoir avorté. Je me contente juste d’apporter une nuance sur un sujet de part mes connaissances et en aucun cas, un jugement sur les débats pro- ou anti-IVG. De même, Coeur de pirate, la célèbre chanteuse, est finalement tombée dans le piège des catégories sexuelles puisqu’elle a essayé de justifier son identité à travers sa sexualité suite à la pression de certaines personnes, alors que concrètement, on s’en fout, cela ne nous regarde pas. Mais cela ne l’a pas empêcher de se renseigner sur les différentes catégories pour pouvoir rentrer dans l’une d’elle, alors qu’elle aurait pu dire « je ne suis que Coeur de Pirate, et c’est suffisant pour me définir, vous m’acceptez telle que je suis ou alors passez votre chemin ! ». Ce qui aurait été un gain de temps et d’énergie de sa part, et beaucoup plus proche de son identité réelle.

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Photo de la chanteuse Coeur de Pirate (source: https://fr.wikipedia.org/wiki/C%C5%93ur_de_pirate)

Le second défaut vient d’une discussion que j’avais eu avec un ami sur le tirage au sort comme méthode de sélection pour les assemblées politiques. Je suis pour un système démocratique basé sur un tirage au sort. A l’opposé mon ami était contre, en argumentant qu’il ne voulait pas que certaines personnes qu’il jugeait « stupide » (ou incompétente pour être politiquement correcte) se retrouve avec un pouvoir de décision. Pris au dépourvu, je ne savais pas quoi répondre car, il est plus facile de défendre l’idée de tirage au sort pour se prévenir de la corruption des politiciens que de justifier que l’on accepte que des individus supposé stupides, racistes, antisémites, etc, aient un pouvoir politique sur nous temporellement. Finalement, avec le recul, je me dis que le raisonnement de mon ami était mauvais, car si il refuse la possibilité à des gens de gouverner sous prétexte qu’ils étaient idiots, par conséquent, il s’interdisait à lui-même cette possibilité: non pas qu’il soit idiot, mais un nombre de personnes pouvaient utiliser ce même argument pour l’empêcher d’avoir un pouvoir politique. Ainsi, on se retrouve dans un cycle où on interdit aux autres (et par conséquent on s’interdit également) d’avoir un véritable rôle politique sur nos vies et notre société, laissant ainsi la place qu’ à des « professionnels » de la politique. Cet a-priori envers les personnes que l’on côtoie démontre un manque d’humilité vis-à-vis de nous-même : nous n’avons aucun pouvoir politique, mais nous refusons que des individus en aient si ils ne partagent pas nos idées ni notre vision du monde. Hors, rien ne prouve que ces individus n’apporteront pas des solutions pragmatiques à nos problèmes quotidiens, dont nous pourrons tous en tirer des bénéfices. Nous devons accepter de faire confiance aux autres, même si ils ne partagent pas notre point de vue sur le monde, car leurs visions qui peuvent parfois nous révulser, ne sont pas forcément idéologiques mais peuvent être dues à leurs expériences personnelles. Ainsi, ils incarnent une partie de la réalité. Et si dans une assemblée, chaque individu incarnent une partie de la réalité, les idées qui émergeront de cette assemblée donneront sûrement des lois plus proches de nos besoins réels et seront par conséquent les plus adaptées à défendre l’intérêt général. Si nous refusons cela, alors nous devons vivre en ermite loin de toute société humaine.

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