L’un des combats actuels du féminisme est de lutter contre le patriarcat. En tout cas, cela devait l’être depuis le début du féminisme, mais cette lutte s’intensifie avec l’époque moderne. Il est indéniable que le système patriarcal a toujours réduit le rôle politique de la femme en deçà de celui de l’homme dans la famille et la vie civile. Pourtant, les droits des femmes n’ont pas toujours été inférieurs à ceux des hommes au cours de l’histoire. Ces droits ont évolué plusieurs fois au cours du temps avec soit une réduction des droits civiques et de décisions des femmes ou alors une équité.
La prédominance du patriarcat sur d’autres modèles sociétaux s’explique par la violence physique et mental présent chez l’individu mâle par rapport à la douceur et la fragilité de l’individu femelle selon les féministes. Ainsi, l’homme a toujours eu la force physique pour soumettre la femme, et par conséquent, il s’est toujours imposé comme représentant autoritaire de la famille, et par extension, sexe dominant dans la société. D’ailleurs, ne retrouve-t-on pas la domination du système patriarcal dans toutes les nations humaines du monde ? N’est-ce pas un modèle universel ancien qui mérite d’être soumis au progrès de l’époque moderne ?
Il est vrai que l’on retrouve ce modèle dans de nombreux pays. Mais, il existe quelques modèles différents : patriarcat monogame, polygame, et parfois matriarcat. Mais, d’après cette vision du féminisme moderne, on peut se demander pourquoi le modèle patriarcal polygame ne s’est-il pas imposé par rapport au modèle patriarcal monogame ? Si la dominance sur la société dépend de la violence de l’homme et de son côté animal, pourquoi n’avons nous pas un modèle polygame où seul l’homme le plus fort construit une famille avec plusieurs femmes, plutôt que le modèle monogame avec la défense du mariage. Si on compare avec les grand singes, on s’aperçoit vite que plusieurs modèles différents existent. Par exemple, les gorilles ont bien un modèle patriarcal polygame. Mais les chimpanzés ont un modèle plutôt matriarcal avec un couple dominant. Et si on remonte jusqu’au plus primitif des primates, les lémuriens, on s’aperçoit qu’ils ont un système de domination matriarcal dirigé par les femelles. Par conséquent, on peut difficilement conclure que d’après nos origines, seul le modèle patriarcal monogame est naturel chez l’homme.
Dans ce cas, partons plutôt du postulat que tous ces systèmes se valent, et qu’ils sont indépendants des caractéristiques physiques, sociales et psychologiques des individus. Historiquement, ce sont plutôt les sociétés patriarcales monogames qui ont construit les civilisations actuelles. Nous retrouvons ces systèmes dans de nombreuses civilisations actuelles autour du monde. Si nous partons du principe que nos ancêtres ont essayé tout les systèmes dans le passé, on peut arriver à la conclusion que le système patriarcal domine tout les autres car il s’avère être le plus stable au cours du temps. De même, on peut supposer qu’en cas de confrontation entre des civilisations ayant des modèles différents, la civilisation au modèle patriarcal monogame a quasiment toujours triomphé. Comment pouvons-nous expliquer cela ?
D’abord confrontons les deux modèles patriarcaux. Imaginons deux tribus d’hommes vivants sur deux territoires frontaliers dont l’une a un système patriarcal polygame (groupe poly) et la seconde est monogame (groupe mono). Les règles de ces systèmes sont assez simples. Pour le groupe mono, chaque homme doit prendre une femme pour épouse et bâtir une famille. L’adultère est par conséquent mal vu et interdit. Pour le groupe poly, l’homme dominant peut prendre plusieurs femmes pour constituer sa famille. On partira du principe que l’adultère est également mal vu et interdit. La tribu mono sera naturellement plus stable que la tribu poly. En effet, le taux de naissance est de 50 % pour les garçons et les filles. La tribu mono créé une société où le taux naturel est respecté dans sa structure familiale, ce qui diminue la compétition entre les individus mâles pour constituer une famille. Donc, moins de violence au sein de la tribu, et par conséquent un développement plus harmonieux de la société qui en découle. A l’opposé dans le groupe poly, une partie des hommes n’auront pas de femme, et devront par conséquent lutter entre eux pour pouvoir constituer une famille. Ce qui peut amener les hommes ayant déjà un couple à être la cible de violence pour « libérer » leurs femmes. Une partie des jeunes hommes, soit se confrontent aux hommes plus âgés pour assurer leurs places au sein de la tribu, soit se voient dans l’obligation de partir de la tribu pour avoir une femme ailleurs. Cette compétition entre les hommes réduit le développement de la tribu, et amène constamment une instabilité où n’importe quel jeune homme peut à tout moment revendiquer pour épouses des femmes prises par d’autres hommes plus âgés. Maintenant, avançons dans le temps. Les deux groupes s’agrandissent suite aux naissances des enfants, mais l’accroissement de la tribu mono est plus rapide que celui de la tribu poly (toujours à cause des luttes internes). Par conséquent, le territoire devient rapidement trop petit pour le groupe mono, qui commence ainsi à vouloir l’étendre sur le territoire du groupe poly pour assurer la survie de leur progéniture. Ainsi, une lutte entre les deux tribus se dessinent dans un futur proche. Si nous partons du principe que seuls les hommes font la guerre, il devient rapidement évident que la tribu poly va perdre une partie de son territoire à cause de la différence numéraire entre les guerriers des deux tribus. De plus, on peut également supposer que le rejet des jeunes hommes du groupe poly, les a conduit à rejoindre le groupe mono et adopté leurs styles de vie. Par conséquent, au cours du temps, les sociétés patriarcales monogames dominent les sociétés patriarcales polygames.
Concernant la lutte contre les sociétés matriarcales, cela devient plus compliqué. Historiquement, leur fonctionnement a été différent, et s’avère apparemment très répandu dans l’antiquité. De nombreuses tribus ont apparemment adopté un système matriarcal et commencé à développer des civilisations (Egypte antique, gaulois, amérindiens). J’ai galéré pendant longtemps à essayer de comprendre comment les systèmes matriarcaux ont disparu par rapport aux systèmes partriarcaux monogames. Mon erreur a été de considérer un équivalent matriarcal au systèmes polygame et monogame patriarcaux. Je pouvais par la même démarche logique précédente, éliminer le modèle matriarcal polygame (on parle bien également de polygamie quand une femme est mariée à plusieurs hommes). Mais, je n’arrivais pas à savoir comment le système matriarcal monogame a disparu au profit du système patriarcal monogame (en partant toujours du principe que les guerres dans ces deux sociétés pouvaient être menées par les hommes, et la domination familiale et politique assurée par les hommes dans un cas, et par les femmes dans le second cas). En vérité, mon erreur venait du fait que le modèle matriarcal a un système familiale complètement différent du système familiale patriarcal.
Dans le modèle patriarcal, la famille est basée sur l’association entre un homme et une (ou plusieurs) épouse. Par contre, dans le modèle matriarcal, la famille est basée sur l’association d’une femme et d’un ou plusieurs de ses frères. L’éducation des enfants restent au sein d’une même famille dominée par la mère, et les frères participent également à l’éducation. Par conséquent, le géniteur ne sert que de reproducteur et ne participe pas à la naissance (ici je veux bien sûr dire la préparation de la future naissance en protégeant la femme enceinte et créant un habitat sûr pour la future famille) et l’éducation de ses enfants. Ceci est la différence fondamentale entre le système matriarcal et le système patriarcal où le géniteur prend en charge l’éducation de ses enfants naturels. Cette différence amène de nombreuses conséquences au modèle matriarcal :
* La mère peut avoir plusieurs amants, et il devient alors difficile de connaître le père biologique de ou des enfants naissants.
* En n’ayant qu’un rôle géniteur, il y a déresponsabilisation des individus mâles quant à l’éducation des enfants si ils n’ont pas de sœur. Un homme lutte plus facilement pour la survie de ses enfants que de ceux des autres.
* Il y a un risque de consanguinité si les géniteurs s’accouplent de nouveau avec leurs filles, et donc d’apparition de maladie et difformité.
* Pour limiter le risque de consanguinité, la société matriarcale peut être amené à capturer des femmes des autres tribus pour renouveler le capital génétique de la tribu.
* Si les tribus environnantes n’ont pas de modèle matriarcal, une tension et des guerres peuvent éclater vis-à-vis de la société matriarcale en cas d’enlèvement de leurs femmes.
On ne peut nier que la société matriarcale peut avoir une base sociétale solide et stable en construisant sa famille sur la fratrie plutôt que sur le couple géniteur. Ceci dit, on s’aperçoit que l’enlèvement des femmes des autres tribus (surtout dans le cas de tribu patriarcal monogame) peut amener rapidement à des guerres et une détestation de ses tribus par les tribus patriarcales monogame. On peut même aller jusqu’à dire que les femmes des modèles patriarcal monogame préféreront défendre un système où elles ne dominent pas plutôt que de se voir arracher à leurs enfants pour contenter une autre tribu, et par conséquent devenir de plus féroce défenseurs des sociétés patriarcales que matriarcales. Par conséquent, une forme de misogynie politique peut rapidement se développer dans les sociétés patriarcales à cause de la présence de tribu ou civilisation matriarcale proche. Dans ce cas, la société patriarcale monogame aura rapidement la nécessité d’éliminer la tribu ou civilisation matriarcale proche plutôt que la tribu ou civilisation patriarcale polygame (dont la lutte n’apparaît que par un souci de territoire).
Ainsi, dans cette lutte, il est possible que plusieurs tribus et civilisations patriarcales monogames s’allient pour détruire la civilisation matriarcale, ce qui aurait conduit à leur disparition. Les civilisations correspondantes n’ont pas forcément été détruites, mais leur modèle sociétal et politique l’a été. Et finalement, seuls les civilisations patriarcales monogames avec des relents de misogynie ont pu continuer à se développer et imposer leur modèle.
Pour conclure, il me semble important de lutter contre les relents misogynes des sociétés patriarcales comme l’a fait le féminisme au début quand elle luttait pour le droit de vote des femmes (droit supprimé peu de siècle auparavant par les républicains par exemple en France). Par contre, la lutte contre le patriarcat n’est pas forcément judicieux, car il s’agit d’un modèle probablement qui s’est imposé de lui-même au cours du temps grâce à sa stabilité. Ainsi, il serait préférable de le modifier pour amener à une réelle égalité homme-femme vis-à-vis de la société. C’est ce qui s’est passé au cours du siècle précédent avec notamment la lutte pour le droit de vote des femmes.
PS: Le site « Le mouvement matricien » regroupe un grand nombre d’informations sur le matriarcat. Mes connaissances étant limités dans ce domaine, je vous invite à découvrir ce site et à y faire votre propre opinion.
J’ai commencé à lire votre texte avec attention, mais des formulations imprécises m’ont fait décrocher. Je vais les relever. je pense que les hommes doivent être spécialement prudents en abordant le sujet du féminisme, qu’ils ne perçoivent pas comme vécu, leur théorie pouvant être dès lors erronée. Et alors leur discours, toujours privilégié en tant que parole d’homme, péroraison plus rationnelle, moins vécue aux tripes, est dominateur, ce qui est une partie du problème. C’est la « mexplication » du mec qui sait mieux que les filles.
Dès la première phrase : lutter contre le patriarcat est un des combats du féminisme, il devait l’être depuis l’origine, davantage à l’époque moderne. Comment hiérarchisez-vous les combats du féminisme ? Et elles, elles hiérarchisent comment ? Le patriarcat est-il un combat concret, ou l’objectif englobant de tous les combats concrets ? Il devait l’être, etc. : reproche compétent contre ce qu’il s’est passé, ou alors supposition sur les origines que vous ignorez ? Il l’est davantage à l’époque moderne : de quelle époque parlez vous ? 1600-1900 comme les historiens (ensuite c’est l’époque contemporaine) ? ou l’époque actuelle ? Et en quoi le patriarcat l’est davantage ? Quels sont vos faits, vos critères ? ETc….
Et une autre : « La prédominance du patriarcat sur d’autres modèles sociétaux s’explique par la violence physique et mental présent chez l’individu mâle par rapport à la douceur et la fragilité de l’individu femelle selon les féministes ». Non, c’est une projection masculine qui divinise les femmes dans l’idéal et les rend incapables dans le réel, dans le même mouvement (Pratique de pouvoir et idée de nature, de Colette Guillaumin). Et c’est la frustration du mâle qui n’enfante pas et qui doit parasiter les femmes pour obtenir des enfants et spécialement des mâles qui a produit la hiérarchisation des sexes, selon Françoise Héritier. Enfin lisez « Comme des bêtes »(2016) sur la « sélection sexuelle » chez les animaux et vous verrez que les femelles ont plus d’un tour dans leur sac pour combattre le sperme non voulu. Je ne connais pas de féministes qui se réclament de la douceur et de la fragilité des femmes : elles luttent pour des femmes autonomes et assertives.
Bref prenez en de la graine chez les féministes, et parlez moins. Voyez ma traduction de l’article (d’une femme) « Comment être un allié du féminisme », c’est le plus demandé sur mon blog.
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Désolé si certaines de mes formulations ne sont pas précises. Il est vrai que je ne suis pas une femme, mais je ne vois pas en quoi je devrai être plus prudent qu’une femme et que mon discours est forcément privilégié et dominateur du fait que je suis un homme. Je me contente juste d’exposer dans cet article un autre angle pour expliquer la domination du système patriarcale sur les autres systèmes afin de pousser à la réflexion.
A votre première question concernant la hiérarchisation des combats du féminisme, bah justement je ne les hiérarchise pas, je m’intéresse ici qu’à un seul de leurs combats, c’est tout. Je n’écris pas un article pour critiquer le ou les mouvements féministes et je leur laisse le soin de débattre sur les combats prioritaires. Concernant l’époque moderne, je parle bien de l’époque actuelle, et non d’une époque historique, d’où l’utilisation du présent dans la phrase. Sinon, quand j’écris que ce combat s’intensifie à l’époque actuelle, je veux simplement dire que très souvent les féministes parlent de leur combat contre le patriarcat. Ce terme est très souvent prononcé par leurs soins pour justifier tous leurs maux. Il est vrai que j’ai certainement moins de culture sur le mouvement féministe que vous, donc, si vous avez des preuves que ce combat était aussi intense par le passé, je suis preneur mais concrètement, je ne vois pas en quoi cela variera le propos de l’article.
Concernant ma phrase sur la prédominance du patriarcat, il est vrai qu’il ne s’agit que d’une projection, qu’un fantasme, mais à mon avis c’est une projection qui n’est ni féminine ni masculine, et que certaines féministes aiment bien reprendre pour justifier la violence des hommes et l’imposition de leur domination dans les systèmes patriarcaux avec cette violence. Je ne dis pas que les féministes sont douces et fragiles, mais qu’elles considèrent les femmes qui ne prennent pas à cœur leurs luttes féministes comme des individus faibles et dominés par le système patriarcal. J’expose juste une vision des féministes, qui même lorsqu’elle n’est pas dit dans les mêmes termes que j’emploie, se devine rapidement dans leurs discours et leurs actions. D’ailleurs même dans votre texte explicatif, on retrouve cette vision: on retrouve l’idée de « frustration » des individus « mâles » qui vont chercher à « parasiter » les « femmes » pour avoir une descendance et donc créer la hiérarchie des sexes; donc si on résume vous utilisez le terme de « mâle » au lieu d’homme alors que vous utilisez bien le terme de « femme » et non de « femelle » ce qui sous-entend que les hommes sont plus primitif, voir animal que les femmes ce qui permet de justifier leur violence naturelle; violence qui est ensuite souligner de nouveau par les termes de « frustration » (qui peut parfois amener à des actions violentes) et de « parasitisme » (qui est une action violente naturelle se faisant au détriment de l’hôte ou de la victime dans le cas échéant), et donc ayant pour conséquence logique selon votre vision d’amener les « mâles » à hiérarchiser les sexes en leur faveur. Si on reprend ma phrase selon votre texte, on peut arriver donc à : « La prédominance du patriarcat (la hiérarchie des sexes en faveur des mâles) sur d’autres modèles sociétaux s’explique par la violence physique (parasitisme) et mental (frustration) présent chez l’individu « mâle » par rapport à la douceur et la fragilité de l’individu « femelle » (cette douceur et fragilité qui les ont contrainte à accepter la hiérarchie des sexes pour atténuer la frustration et l’envie de parasitisme violent des mâles) selon les féministes.» Je dois avouer que je n’ai jamais lu le livre « Comme des bêtes », mais j’aimerai que vous étayez comment les femelles arrivent à combattre le sperme non voulu: Est-ce présent chez toutes les espèces, ou s’agit-il juste que de quelque cas particulier? Vu mes connaissances en Biologie, je suis curieux d’en apprendre plus sur ce phénomène de sélection de sperme.
Je trouve dommage que vous me demandez de parler moins à la fin de votre message qui avait été si cordiale auparavant. D’abord, je ne parle pas mais écrit, ce qui implique que tout ce que j’écris a été mûrement réfléchit et déjà été confronté à d’autres points de vue dont certain féminin. Je l’ai donc posté pour avoir d’autres critiques qui seront, j’espère, constructive vis à vis de ma vision du monde. Je vous remercie d’avoir amené votre propre vision et proposer une critique plutôt négative de mon texte. Néanmoins, et je me répète, je trouve dommage que vous finissez par vous fourvoyer en m’admonestant sur mon propre blog de parlez moins. Je vous accorde le bénéfice du doute et prends votre propos comme une maladresse mal comprise de ma part.
Bien cordialement
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