Comprendre la routine pour mieux la vivre.

     La routine. Voici un mot qui est souvent cité comme problème dans le couple. De nombreuses solutions peuvent être apporté par divers articles ou blogs pour la casser ou alors accepter de vivre avec. Même en dehors du couple, une routine s’installe rapidement dès que l’on entre dans la vie « active ». Mais, si on veut réellement faire face à la routine, on doit d’abord comprendre son origine, chose qui n’est jamais réellement expliquée aux gens. Sans explication, les solutions apportés par d’autres pourront s’avérer inefficaces et destructrices car on risque de rendre les autres individus qui partagent notre vie responsable de l’installation de la routine. Pourtant la routine n’est due qu’à une seule chose : notre cerveau, ses stratégies de mémorisations et sa perception relative du temps. Une fois que vous avez compris ce qu’est réellement la routine, elle ne vous posera plus de problème.

      Qu’est-ce que la routine ? Selon les dictionnaires on trouve souvent comme synonymes les termes de rite, habitude, tradition, train-train, à savoir une suite d’événement souvent identiques. Pourquoi est-ce que la routine nous effraye tant que ça ? On y perd la notion du temps qui passe. Ainsi, au sein de notre routine, nous ne voyons plus les années passer, et quand un matin, on prend conscience qu’un an (ou plusieurs années) s’est écoulé alors que l’on a l’impression que quelques semaines ont passés, on peut se dire « mais qu’est-ce que j’ai fait pendant tout ce temps ». Dans ce cas, on cherche à s’extraire de cette routine, risquant de détruire notre couple, ou notre famille. Pourtant, la routine n’est due qu’à une optimisation de notre cerveau. Rien de plus. Il doit stocker chaque information de la journée, allant du levée du lit au coucher. Chaque détail va être capté par nos sens (vue, toucher, odorat, goût, etc…), analysé par notre cerveau puis stocké en mémoire avant d’être trié. Lors de notre sommeil, notre cerveau décidera quelle information doit être stockée et laquelle doit être oubliée, car nous sommes des êtres limités, notre cerveau ne peut garder en mémoire chaque instant de notre vie. Par conséquent, il va optimiser les informations reçues dans la journée pour en stocker le moins possible. Par exemple, il va éviter de stocker la même information plusieurs fois. Faisons un petit exercice, Essayez de vous souvenir du dernier trajet en voiture que vous avez fait pour aller en vacances. Vous devez vous rappeler certains détails même si cela remonte à plusieurs mois ou années. Maintenant, essayer de vous rappeler de votre trajet pour aller au travail aujourd’hui, cela ne devrait pas être trop difficile. Et pour finir, essayer de vos rappeler de votre trajet pour aller au travail hier, là cela devrait être beaucoup plus difficile. Idem, pour le trajet d’avant-hier, puis ceux de la semaine dernière. Pourtant, ces trajets sont plus récents, donc il devrait être plus facile de s’en rappeler par rapport aux dernières vacances, mais ce n’est pas le cas car ces souvenirs n’ont rien de nouveau par rapport aux souvenirs de trajet pour aller en vacances. Votre cerveau a déjà effacé tous les trajets pour aller au travail précédent car il ne vous apporte aucune information nouvelle, alors que le voyage vers les vacances était quelque chose de nouveau. Par conséquent, votre cerveau a déjà effacé plusieurs heures de votre vie cette année. Voici la première stratégie d’optimisation du cerveau : suppression des informations redondantes. Et cela ne s’applique pas qu’à vos trajets quotidiens mais à l’ensemble de vos gestes quotidiens (se laver, s’habiller, manger, etc…) , ce qui amène à la disparition de plusieurs minutes, voire d’heures de votre vie quotidienne.

 

      Voici un second exemple d’optimisation de votre cerveau pour stocker les informations de votre cerveau (à savoir vos souvenirs ce qui vous permet de mieux vous rappeler le temps de votre vie qui passe), avec la gestion des mémoires procédurales et spatiales. Ces deux mémoires sont gérées par deux parties de votre cerveau, à savoir l’hippocampe pour la mémoire spatiale et le striatum pour la mémoire procédurale. La mémoire spatiale est la mémoire qui permet de vous repérer dans l’espace, il s’agit de mémoriser les informations importantes pour vous déplacer dans un environnement ; il peut s’agir de repères visuels que vous faites lors de vos déplacements. La mémoire procédurale sert à mémoriser des gestes que vous faites de manière répétitive dans un but précis, ce qu’on appelle une procédure. Prenons un exemple: c’est la première fois que vous allez dans un lieu précis (magasin, lieu de votre nouveau travail, etc…); vous connaissez l’adresse et utilisez une carte ou un GPS pour vous y rendre. Au fur et à mesure que vous allez vous déplacer, vous allez observer votre environnement et de façon volontaire ou pas, vous allez apercevoir des repères visuels qui vont vous marquer (la présence d’une église, un magasin en particulier, une couleur de rue qui sort de l’ordinaire, la présence d’un ruisseau ou d’un pont, etc…). Tous ces repères visuels vous seront utiles pour les prochaines fois où vous voudrez vous rendre à nouveau dans ce lieu. Cela ne vous empêchera peut-être pas d’utiliser à nouveau votre carte ou GPS les 2-3 fois suivantes, mais rapidement, vous vous en passerez juste en vous basant sur les repères visuels. Ainsi votre cerveau a stocké ces informations spatiales grâce à votre hippocampe. Mais, si vous continuez à aller dans ce lieu, votre cerveau va optimiser le souvenir du trajet en faisant appel à la mémoire procédurale géré par le striatum ce qui lui permettra d’avoir moins d’information à stocker. Pour cela, le striatum va juste mémoriser la procédure du trajet, à savoir des informations du genre : je sors de chez moi, au bout de la route, je tourne à droite, j’avance jusqu’au 2ème carrefours puis je tourne à droite, j’avance jusqu’au rond-point puis je prends la 2ème sortie à gauche, etc…. Plus besoin de repères visuels qui ne sont pas sur la route, votre cerveau connait par cœur le trajet avec des informations simple de type avance, tourner à gauche ou tourner à droite ; il a optimisé la mémorisation du trajet et va peu à peu supprimer les repères visuels de la mémoire dans l’hippocampe.

(source: http://www.orandia.com/forum/index.php?mode=thread&id=158621)

     Tous ces stratégies de mémorisation du cerveau vous permettent de stocker de moins en moins d’informations redondantes par jour. Ainsi plus le temps passe, et moins votre cerveau ne stocke de souvenir si vous faites toujours les mêmes actions. Ses actions quotidiennes s’effacent rapidement de votre cerveau, ce qui correspond à un grand nombre de moment de votre vie qui disparait. Ce mécanisme peut s’avérer effrayant lorsque vous vous apercevez que votre souvenir le plus détaillé remonte à quelques mois voire année, et que vous avez du mal à vous rappeler de souvenirs quotidiens plus récents. C’est pour cela que lorsqu’on est enfant, le temps nous parait plus lent (surtout quand on est à l’école) que lorsqu’on est adulte car nos journées quotidiennes ne se ressemble pas à cause du contenu changeant des cours à l’école et également du peu d’expérience de vie accumulés à cet âge. Ainsi, un grand nombre de solutions pour vaincre la routine en changeant de vie ne résoudront pas le problème si nous nous contentons d’avoir de nouveaux des actions répétitives dans cette nouvelle vie.

 

     A mon humble avis, une des meilleures solutions est d’avoir une activité créative(*). Ainsi, le temps que nous consacrons à cette activité se grave dans le résultat de cette activité. Chaque création est nouvelle, peut demander beaucoup de temps pour être faite et sera en plus une satisfaction personnelle. De plus, pas besoin de changer de vie, il faut juste trouver un peu de temps à consacrer à cette activité. Cette solution n’est jamais proposée par notre monde actuel, qui préfère que l’on se comporte comme des consommateurs. L’accumulation de biens physiques peuvent également nous permettre de mieux percevoir le temps qui passe, mais l’acte d’achat est par nature répétitive et donc routinier, alors que l’acte de création ne l’est pas par nature. Notre maison va contenir de plus en plus de chose sans que nous ne soyons au final satisfait réellement. A l’opposé, chacun de nos actes créatifs nécessitent un effort de réflexion, d’acquisition de matériel et matériaux pour son accomplissement (ce qui peut s’effectuer par achat), d’apprentissages et de maîtrises techniques, et de finalisation. Toute création terminée amène toujours un sentiment de satisfaction qui pourra être partagé par son entourage; Et pour finir, chacune de vos œuvres créatives trônera chez vous d’une manière ou d’une autre et vous rappellera que vous n’avez pas perdu tout votre temps dans un quotidien routinier.

 

(*) Bien que je veuille principalement parler d’activité artistique, on peut également ajouter d’autres activités à condition qu’il y ait une valorisation de ces autres activités. Par exemple si cette activité est une activité sportive, il faut la valoriser notamment en participant à des événements sportifs, des championnats ou des tournois, non pas forcément dans une esprit de compétition mais juste permettre une évaluation de votre évolution personnelle au sein de l’activité.

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