Charles Robin, philosophe français de ma génération, a posté une vidéo très intéressante clôturant sa chaîne YouTube. Voici le lien de cette vidéo si vous êtes curieux, mais pour résumer, il explicite de manière magistrale, pourquoi si on veut réellement faire de la politique, nous devons agir à notre échelle au lieu de perdre notre temps à critiquer les politiciens. Mon résumé caricature sa vidéo, donc si vous n’êtes pas d’accord, prenez le temps d’écouter son point de vue.
Néanmoins, il y a quelques points qu’ils me semblent incomplet ou auxquels je suis en désaccord. Comme il s’agit d’opinions que j’ai déjà entendu au cours de mes discussions, j’aimerai vous faire partager mes points de vue, qui enrichiront le débat à mon humble avis. Donc, je vais dans un premier temps, vous donner un autre argument qui explique pourquoi on élit des psychopathes, et dans un second temps mon point de désaccord, à savoir pourquoi il peut être utile de voter même si on ne croit pas au système démocratique actuel, sans que ce ne soit réellement un soutien au système.
Commençons par les psychopathes, Charles Robin résume habilement pourquoi les psychopathes se retrouvent en haut d’un système politique: ce sont des individus qui veulent à tout prix avoir du pouvoir, et n’ayant aucun état d’âme à écraser les autres pour arriver au sommet. Cette absence d’empathie leur permet aisément d’évincer les êtres vertueux dans la lutte pour le pouvoir. C’est pour cela qu’on retrouve souvent au sommet des hiérarchies un plus grand nombre d’individu défini psychologiquement (ou psychiatriquement, désolé mais c’est hors de mon domaine de compétence) comme psychopathe par rapport à l’ensemble de la population humaine ([1], [2], [3], [4]). Ensuite, nous élisons ces individus, car « nous n’avons pas le choix ». Les systèmes médiatiques et politiques actuels contribuent à nous proposer un faux choix car ils nous imposent des candidats. Pourtant, si on prennait au hasard des individus dans la population, que nous leur demandons de faire un débat télévisé publique où ils nous exposeraient leurs solutions aux problèmes politiques, et qu’à la fin nous devrions choisir l’un des individus comme président, peut-on vraiment être sûr que les gens n’éliront pas un grand nombre de psychopathes ? Pour moi, je crains que ceci ne soit réellement le cas.
Pourquoi ? Prenons un exemple similaire, imaginez que vous vous trouvez confronter à un problème où vous n’avez aucune solution. Vous prenez au hasard une centaine d’individu que vous regroupez dans une salle pour leur exposer votre problème afin qu’ils vous proposent une solution. La ou les personnes dont vous testerez la solution sera certainement celle ou ceux qui seront les plus sûrs de leurs solutions. Vous agirez simplement par empathie. Si elle est sûre de ce qu’elle dit, c’est que cela doit être vrai. La plupart d’entre nous suivons naturellement la personne la plus sûre d’elle dans un premier temps, puis nous ne suivons les individus hésitant que quand les solutions proposées par les personnes sûrs ont été des échecs. Et un psychopathe est toujours sûr de ce qu’il dit et fait ; sans oublier qu’il vous écrasera si vous dites le contraire car vous serez à ses yeux un obstacle. Comment empêcher cela ? Peut-être en supprimant les images et en ne conservant que le son. Donc, il est possible que l’arrivé de la télévision dans le cadre des élections a eu beaucoup plus d’importance que l’arrivé de la radio. Bien sûr, vous pouvez toujours suivre la solution d’une personne confiante par l’intonation de sa voix, mais son effet sera moindre que si vous ne voyez son visage confiant lorsqu’il vous expliquera sa solution. Car, le problème peut venir de nos neurones miroirs qui interviennent dans notre capacité empathique, et ceux-ci (à ma connaissance) n’analysent que ce qu’il voit. Par contre, bien que cette sensibilité varie d’un individu à l’autre, celle-ci s’en trouvera multiplier dans une foule où l’effet de masse permettra un état de communion. De même, si la personne est charismatique, cet effet sera également amplifié. D’où le risque naturel d’élire plus souvent des psychopathes.
Pour autant, si on risque d’élire constamment des psychopathes plus avide de pouvoir que d’aider l’intérêt général, doit-on s’abstenir de voter ? Doit-on également s’abstenir de voter car quand on vote on valide un système qui nous limite dans nos choix (ou nous propose un faux choix) ? Ma réponse a toujours été la même face aux personnes qui me disait cela : non, en votant je ne suis pas un soutien du système. Je ne fais qu’utiliser un moyen proposé par le système pour m’exprimer.
Pourquoi je ne soutiens pas le système en votant ? Est-ce que je soutiens un casino si je vais jouer dedans un jeton que j’ai trouvé par-terre dans la rue, la réponse est non. Le casino existait avant que je sois là et ce n’est pas moi qui ai perdu le jeton. Il en est de même avec le vote. Ce n’est pas moi qui est demandé à avoir un droit de vote, ni est mis en place ce système politique. J’ai juste l’autorisation de mettre un bout de papier dans une urne (pour être honnête, j’appuie juste sur un bouton). L’individu élu n’a à mes yeux aucune légitimité à me représenter. Maintenant, il peut dire le contraire, mais je n’ai jouer qu’à un jeu, je ne suis qu’un joueur. Selon leurs règles, ils restent légalement légitime peu importe le nombre d’individu ayant voté. C’est leur système, et ils ne veulent pas le modifier. Donc toutes les personnes qui croient que si ils votent blanc ou s’abstiennent, ils délégitimeront l’individu élu, ils se trompent car ils considèrent toujours que le système électoral actuel sert à légitimer un représentant du peuple. Dans ce cas, pourquoi perds-tu ton temps à voter si tu ne considères pas que tu confères une légitimité de représentation à l’individu élu, me demanderez-vous ?
Hé bien, la réponse est simple: c’est le seul moment où ma faible voix va porter un message à l’échelle nationale. En choisissant un candidat, je choisis un programme et donc une volonté d’avenir collective (souvent représenter par le programme du candidat) pour mon peuple et mon pays. Ce message n’est réduit qu’à un nom, mais cela me permet de savoir si ma vision d’avenir collective est partagéee à l’échelle nationale. Alors que si je vote blanc ou m’abstiens, je ne dis rien à ce moment-là. Bien sûr, j’ai conscience que pour avoir un réel pouvoir politique, je dois agir à mon échelle, mais aller voter une fois de temps en temps permets d’envoyer des signaux. Alors dans ce cas, même voter avec ses pieds envoie un message. Depuis les dernières élections présidentielles, nous avons pu voir qu’un grand nombre de personnes ont voté pour des « extrêmes » car probablement ceux-ci proposaient plus de démocratie notamment via les référundums d’initiative populaire (mais je ne suis pas assez naïf pour croire que cela ne se résume qu’à cela). Bien qu’aucun de ses parties n’aient gagné les élections, le « plus de démocratie » est rapidement réapparu avec le mouvement des gilets jaunes. Ce « plus de démocratie » a finalement été entendu par le gouvernement à coup de transpalette ce qui l’a conduit à proposer un référundum sur le sujet des aéroport de Paris, chose qui lui déplaît mais souhaite démontré ainsi que le peuple n’est pas concerné par les problèmes politiques en compliquant l’accès à ce référundum. Ainsi, il est possible que même en ayant voté pour un candidat non élu, nous avons peut-être montré à un grand nombre de personnes « Voyez ce que je souhaite et qui n’est pas représenté par l’individu élu, vous n’êtes pas seul, nous sommes des milliers à pouvoir et vouloir nous rassembler autour d’un message ! » D’ailleurs, les psychopathes élus ne s’y trompent pas, il n’y a pas plus virulent qu’eux contre le « un peu plus de démocratie » demandé par le peuple, surtout si ce renouveau de la démocratie passe par des référundum d’initiative populaire sur tous les sujets, ou par du tirage au sort. Alors tant que je n’aurais que le droit de donner mon avis une fois tout les 2 ans dans le cadre d’une élection dont le choix est limité, je continuerai à apporter ma petite voix pour les personnes à l’écoute des résultats non pas pour savoir qui a gagné mais pour savoir quelle est la vision d’avenir partagée par le peuple… Et je continuerai ainsi à leur chuchoter : « Vous voyez, moi aussi, je suis là ! ».
Biblio:
[3] https://www.cadre-dirigeant-magazine.com/manager/psychopathe-en-costume-et-cravate/
[4] https://www.legrandsoir.info/lorsque-les-psychopathes-prennent-le-controle-de-la-societe.html

