Le racisme de Madame Morano

Selon Madame Morano, la France est un pays de race blanche. Euh oui, pourquoi pas ? Après tout, si on n’observe que la France métropolitaine, la majorité de la population a une couleur plutôt pâle par rapport à celle des autres pays. D’ailleurs, plus on descend vers le sud et plus la couleur fonce, jusqu’à l’équateur.

Cette affirmation fait-elle de Madame Morano une personne racialiste ou raciste ? A vous de voir. En tout cas, je n’utilise jamais de terme connoté pour une personne si celle-ci ne s’est pas définie en tant que telle auparavant. Tant que Madame Morano ne se dira pas raciste ou racialiste, je n’oserai pas utiliser ce terme pour la définir, par respect pour elle.

Par contre, il est stupide qu’à chaque fois qu’une personnalité utilise le terme de race pour les humains, cela ouvre des débats dans les médias. Et on n’échappe pas au commentaire « Nous appartenons tous à la race humaine ! ». Ce commentaire m’amuse à chaque fois car il n’a aucun sens. On devrait plutôt dire « Nous appartenons tous à l’espèce humaine ! ». De plus, ces mêmes personnes, sûres de leur connaissances, n’hésiterons pas à nous expliquer que de toute façon, les biologistes ont démontré qu’il n’y a pas de races humaines. Elles se trompent dans leurs allégations. Le fait qu’elles n’utilisent pas l’expression d’appartenance à la même espèce humaine plutôt qu’à une même race humaine démontrent leur méconnaissance de la taxonomie. Il existe bien une espèce humaine, et on peut également parler de plusieurs races humaines. Mais, comme nous l’a dit un Professeur en Biologie (travaillant sur l’étude génétique des races canines): « Le terme de race est devenu tabou en Biologie, car à chaque fois que des politiques l’utilisent, cela devient n’importe quoi ! ». Dommage qu’il n’est pas élargie sa pensée aux médias et représentants d’associations anti-racisme. Néanmoins, je ne partage pas son avis. Pour ma part, c’est aux biologistes de se battre pour aider la population à avoir des définitions claires des termes biologiques, plutôt que de laisser des non-spécialistes s’en emparer pour légitimer leurs oppressions. Le terme de race ne doit pas devenir tabou pour l’être humain, surtout qu’il ne l’est pas pour d’autres espèces animales. Ceci peut amener à une confusion au sein de la population et par conséquent, délégitimer nos connaissances biologiques actuelles qui deviennent ainsi qu’un simple vecteur d’idéologie. Les scientifiques doivent se battre pour permettre à l’ensemble de la population, une utilisation correcte de ces connaissances. Alors clarifions tout cela.

Face à la diversité du monde animale (mais cela vaut également pour le règne végétale et bactériens), les naturalistes (ancêtres des biologistes) ont essayé de classifier les animaux. Une méthode fut retenue basé sur les caractéristiques morphologiques des animaux. Cette méthode est résumée par le système RECOFGE constitué de 7 catégories de bases pour Règne, Embranchement, Classe, Ordre, Famille, Genre et Espèce. Chaque catégorie rassemble des animaux ayant les mêmes caractéristiques morphologiques. Plus on se rapproche de la catégorie Espèces, plus ces caractéristiques (ou caractères) deviennent précises et donc restrictives. Si on prend les deux dernières catégories (genre et espèce) pour l’être humain, nous avons le terme scientifique Homo sapiens. L’espèce est la catégorie la plus importante car il existe une barrière biologique simplement appelé « barrière d’espèce ». Cette barrière empêche deux individus d’espèces différentes de se reproduire : ils n’auront pas de descendance ou donneront naissance à des hybrides infertiles. Par exemple, lorsqu’un tigre et une lionne s’accouple, la lionne va donner naissance à un tigron qui sera incapable de donner naissance à une descendance et souffrira probablement de divers problèmes de santé. Par contre, au sein d’une même espèce, il peut y avoir encore des différences morphologiques.

Par exemple, le chien et le loup appartiennent à la même espèce (Canis lupus) bien qu’il peut y avoir d’énormes différences morphologiques entre un caniche et un loup. Mais, malgré ces différences, un loup peut s’accoupler avec un caniche et donner une descendance pérenne. Pour mieux prendre en compte ces différences entre ces deux animaux, la classification à rajouter la notion de sous-espèce. Ainsi le chien est scientifiquement appelé un Canis lupus familiaris. Mais, cela n’empêche pas l’apparition de caractère morphologique différent entre les chiens, d’où la notion de race. Ces caractères morphologiques peuvent être transmis et conservé au sein de la descendance. Bien sûr, on dira toujours que ces races ont été créées par l’homme et disparaîtront en l’absence de l’homme. Mais biologiquement parlant, ce n’est pas sûr, car les mécanismes de sélection qu’a fait l’homme sont des mécanismes naturelles, et par conséquence, la nature peut également faire cette sélection et donner naissance à de nouvelles races. Par conséquence, une race de chien se retrouvant isolé peut donner naissance à une sous-espèce, ce qui fut peut-être le cas pour le dingo d’Australie. En dehors de la barrière d’espèce et d’une classification basée sur des critères morphologiques, il y a peu de règles biologiquement parlant. D’un point de vue évolutionniste, une race peut donner au cours du temps l’apparition d’une sous-espèce, qui peut ensuite devenir une nouvelle espèce. Néanmoins, cette classification a été validé par l’analyse des génomes des organismes à quelques exceptions.

dogs

Cette absence de règles strictes amène des problèmes de définition concernant l’espèce humaine. On n’observe bien des différences de critères morphologiques entre des individus de l’espèce humaine (et pas que la couleur de peau, il y a également des différences au niveau des yeux (yeux bridés), de morphologie du visage, etc.). Ces différences se retrouvent naturellement en fonction de l’environnement, et peuvent également être conservé selon des critères de beautés ethniques. D’où la question, si on prend un homme blond au yeux bleus issus d’un pays germanique et un homme asiatique au yeux bridés bruns, s’agit-il de deux sous-espèces différentes ou de deux races différentes ? Le politiquement correct voudra que l’on parle de deux sous-espèces différentes du fait de la connotation du terme de race. Pourtant, les paléontologues (donc des biologistes) se demandent en ce moment si nos ancêtres avaient pu se reproduire avec l’homme de Néandertal. Si ils ont pu donner naissance à une progéniture, dans ce cas, l’homme de Néandertal serait une sous-espèce d’Homo sapiens, ainsi appelé Homo sapiens neanderthalensis. Dans le cas contraire, on aura affaire à l’espèce Homo neanderthalensis. Si on compare les crânes de l’homme de Néandertal avec celui de nos ancêtres, l’homme de Néanderthal avait un cerveau plus gros (ps : la taille de nos cerveaux actuels est identique à celui de nos ancêtres). De plus, il existe des différences morphologiques importantes au niveau de l’ensemble du squelette entre l’homme de Néandertal et nos ancêtres. Des différences aussi importantes ne s’observent pas entre les différents humains actuels. Donc si l’homme de néandertal devait finalement n’être qu’une sous-espèce Homo sapiens, pourrions-nous continuer à dire que les races humaines n’existent pas et qu’il s’agit uniquement de sous-espèces différentes pour expliquer les différences entre les humains actuellement ? Voilà pourquoi il est dangereux de continuer à interdire l’utilisation de la notion de race pour les humains. Car, au grès des futurs découvertes concernant nos origines, la taxonomie de l’espèce humaine peut encore être amenée à changer.

Le principal problème avec la race provient de l’idéologie raciste développée par le passé. Le racisme est une idéologie qui hiérarchise les races. Cette idéologie a été théorisée par des naturalistes et vulgarisée par des politiques pour justifier le marchandage et l’oppression d’être humains. Avec les connaissances actuelles, les biologistes savent que cette hiérarchie est une erreur. Comme il n’existe aucun arrêt de l’évolution, il ne peut y avoir de hiérarchie entre les races, sous-espèces et espèces (car il ne peut y avoir d’individu sous-évolué ou sur-évolué). Tout racisme actuellement est donc condamnable scientifiquement et moralement. De même, rien n’empêche l’émergence d’une idéologie de hiérarchisation des sous-espèces qui amènerait aux mêmes conséquences que par le passé. Voilà pourquoi, au lieu de s’offusquer de l’utilisation du terme race, les médias et politiques devrait plutôt essayer de savoir si la personne en question parle d’une hiérarchie entre les individus ?

Néanmoins, il existe toujours aujourd’hui l’idéologie du racialisme. Peut-être que Madame Morano est finalement racialiste. Mais dans ce cas, les personnes qui veulent imposer de la discrimination positive sont également racialiste, car leur système de pensée dépend toujours de la notion de race. Une personne racialiste considère qu’en fonction de sa race, un individu va forcément avoir des privilèges ou des inconvénients indépendamment de d’autres critères qui sont souvent réellement à l’origine de ces privilèges ou inconvénients. D’ailleurs, le politiquement correct actuel permet à des associations anti-racistes de dissimuler (consciemment ou pas) leur racialisme. Il est possible de trouver des individus racistes actuellement, mais en France, il n’y a aucune discrimination raciste légalisé. Finalement, empêcher un individu de s’exprimer car il emploie le terme de race, n’a finalement qu’un but autre que le combat contre le racisme.

Si nous voulons prétendre nous battre pour la tolérance et l’égalité au sein de l’espèce humaine, nous devrions arrêter de condamner l’utilisation de certains mots et finir simplement par en donner une définition claire.

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