Les individus se construisent de deux manières différentes. La première et la plus commune est la construction miroir. Nous nous définissons par rapport à la perception que nous avons des autres et qu’ils ont de nous. On cherche chez les autres qui nous sommes. Nous pouvons adopter leurs points de vue, leurs styles vestimentaires, etc… De même, nous voulons qu’ils nous disent qui nous sommes. Nous sommes fières de leurs compliments, mais pouvons être durement touché par leurs reproches. Ainsi, nous considérons les autres comme un reflet de notre propre identité. Cette approche identitaire est la plus favorisée dans notre monde actuel. En effet, notre société d’hyper-consommation a besoin d’individus qui essayent de se ressembler à travers des effets de modes. Nous perdons ainsi notre identité dans la construction d’un groupe ou d’une tribu se définissant sur des critères identiques (comportements, vêtements, goût culturel…). Nous ne devenons plus qu’une partie d’un ensemble. Cette remarque nous fait comprendre que contrairement à ce qu’on entend : Non! Nous ne vivons pas dans une société individualiste.
Au contraire, la société d’hyper-consommation pousse les gens à chercher à se ressembler à travers leurs achats et leurs modes de vie. Nous ne devenons que des parts de marché. Pourtant, cette approche nous rend mal-à l’aise et conduit à un état de mal-être pouvant être de nouveau comblé par une sur-consommation de produits inutiles. Regardez attentivement vos lieux de vie, et demandez-vous depuis combien de temps n’avez-vous pas utilisé (voir simplement toucher) tel objet ou vêtement. Ce désir d’identité à travers le regard des autres conduit les gens à perpétuellement s’intéresser à des individus hors de leurs cadres familiales et personnelles, quitte à fuir les personnes nous connaissant le mieux, lassé par leurs désintérêts vis-à-vis de notre ego. Nous n’aimons plus les personnes pour ce qu’elles sont, mais pour leur et notre image qu’elles nous renvoient. Par conséquent, avec toutes ses images, finirons-nous par trouver plus d’écran que de miroirs dans nos maisons?
A l’opposé, des personnes passent leur temps à définir leur identité par un questionnement personnel perpétuel. Ils se soustraient du regard des autres, et ainsi à leurs jugements, pour simplement adopter le comportement leur permettant d’être le plus à l’aise dans leur peau. Ces gens se retrouvent le plus souvent mise à l’écart de nos sociétés car ils sont souvent de mauvais consommateurs. Ils peuvent également paraître asociaux, et ainsi se retrouver expulser de la communauté sociale. Pourtant, leurs « asociabilité » provient surtout du fait qu’ils refusent de s’attacher à l’image tronquée de l’individu, mais cherche surtout à percer la véritable nature de l’individu en face de lui. Son expérience personnelle lui permet ainsi de mettre à jour leur véritable identité en découvrant ses limites personnelles. Leur caractère se met donc à évoluer au cours du temps, faisant qu’ils peuvent se rapprocher ou s’éloigner de certains individus.
Quelle est la meilleur approche à avoir dans ce cas ? Limiter le contact avec les autres, pour éviter de se perdre dans une notion d’identité modelée par les effets de mode de la société d’hyper-consommation, ou au contraire vivre reclus dans une méditation perpétuelle en évitant le contact avec les individus devenus rouages de la société. Difficile de trancher. Nous ne pouvons pas aborder le problème de l’identité uniquement en réduisant la question à une identité nationale, de genre ou sexuelle comme l’aimerait tant nos politiciens ou intellectuels de pacotille. Les réponses à cette question ne peuvent venir que de notre expérience personnelle. Il y a autant d’identités que d’individus. La résumer à une notion ou un groupe ne peut que conduire à l’impossibilité de trouver une réponse satisfaisante. Notre vie n’est peut-être que la quête de cette identité. Naissons-nous comme une feuille vierge et nos expériences nous conduisent finalement à construire une identité propre, ou au contraire, naissons-nous déjà avec une identité prédéfinie soumise aux aléas de notre environnement ? Je pense donc je suis ou suis-je ce que je pense? Sommes-nous des possibilités d’humanité ? Ou construisons-nous notre humanité ?


